Le soft power de la pétanque

26 octobre 2023

Il s’est tenu en septembre dernier à Cotonou, un événement à contre-temps de la période dans laquelle l’Afrique de l’Ouest est plongée. Le Bénin a eu la surprenante idée d’organiser les championnats mondiaux de la pétanque ; alors que partout ailleurs, la France est abhorrée ! Portée comme responsable d’aggravations sécuritaires et autres allégations de complicité avec le terrorisme. Boutée dehors manu militari, et, comme sous l’effet d’un carreau, qui d’un métallique clac, la France cède sa place aussi soudainement que brutalement à d’autres nouveaux alliés.

Le Bénin accueille la compétition planétaire d’une tradition sportive française s’il en est ! Ce sport se serait même développé au Moyen Age… on se demande comment les hérauts de l’identité française n’ont pas songé à inscrire cette discipline dans la Constitution ! Exiger l’INBC ! Institut National la Boule et du Cochonnet ! Option pétanque au Bac. Et ceci n’est pas la seule surprise !

Le temporaire l’emporte sur le durable

Voilà une autre particularité, la construction du stade de boules (appelé boulodrome) pour accueillir la compétition ! Elle a échappé à la diplomatie des stades de la Chine qui avait, il y a déjà 40 ans, permis l’édification du stade de l’amitié Général Mathieu Kérékou.

Non c’est une entreprise locale ! Enfin, bénino-nigériane (et libanaise) qui était chargée de construire un gigantesque terrain de pétanque qui pouvait accueillir jusqu’à 2500 places. Il y-a-t-il tant d’amateurs au pays de Dahomey ? Si l’on se fie à Google Maps, les emplacements du boulodrome sont bien mentionnés. Mais lorsqu’on clique sur l’icône, ce sont des terrains entourés de palmiers qui apparaissent, bien trop herbeux et tout sauf plats…. Impossible d’y retrouver son cochonnet !

Vitrine mondiale pour le Bénin

C’est que comme tout événement international sportif d’ampleur qui se respecte, les chantiers ont pris du retard. Pas chose facile que d’accueillir le plus grand tournoi jamais organisé. Jugez plutôt : 38 équipes nationales ! Plus que le dernier mondial de football ! Heureusement, sous l’appel incantatoire et arrangeant du Gianni Infantino de la Pétanque, le président de la Confédération Africaine des Sports-Boules (CASB), l’Honorable Idrissou Ibrahima, l’option pour un boulodrome temporaire le temps de la compétition, l’a finalement emporté. Et ce, dans le meilleur des écrins ! Sous la protection de l’Amazone. Quelques chapiteaux et 1 500 places tout de même ! On peut penser que ce fut une sage décision car après la compétition par quel mécanisme financier ce boulodrome aurait-il continué d’être entretenu ?

En plus, tous étaient d’accord. Un vrai travail de pros ! Habchi Rachid, l’entraineur de l’équipe du Maroc qui a fait 15 coupes du monde n’a pas pu cacher sa « stupeur ». « Il n’avait jamais vu ça ! » face à la magnificence du rectangle blanc caillouté de 15 mètres sur 4 selon les standards internationaux.

Benin Champions du monde

Quelle fut l’audience béninoise derrière les écrans pour assister à ces parties haletantes ? L’ORTB a-t-elle pu revendre des droits d’images au monde de la planète bouliste ? Peu importe ! On sait déjà, que les Béninois se souviendront tous éternellement de ce jour de gloire. Mardi 12 septembre 2023 Quand la doublette béninois, fut, au bout du suspense, sacrée championne du monde !

Dylan Rocher alias Dydy La foudre, n’aura pas suffi. Marcel Bio dit le « robot » aura servi de paratonnerre, aux côtés de Marcel Gbétablé dit le « colonel ». Transcendés par leurs supporters les écureuils se sont métamorphosés en guépards pour arracher ce premier titre mondial. Certes lors de cette fameuse finale des Béninois contre les Français quelques-uns ont, en France, protesté contre un public prétendument hostile, un arbitrage maison… Mais quand on joue à l’extérieur, faut attendre à se faire chicoter quoi !

Des boules au rayonnement mondial

Du côté des autres participants, ils représentent les couleurs de nations qui pour la plupart ont souffert du joug de la colonisation française. Toutefois, le jeu de boule roule désormais urbi et orbi. La pétanque réalise des incursions en dehors de la francophonie. Y compris aux Etats-Unis. Bientôt on ne parlera plus que de Petaang เปตอง car ce sont bien les Thaïlandais qui ont particulièrement brillé avec trois médailles d’or ! Un royaume de Siam jamais colonisé … En ces temps de néo souverainisme fracassant, la pétanque surprend comme instrument de soft power aussi délicat et silencieux que le poser de cochonnet.

Adrien Wasexo

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