La cybercriminalité au Bénin : pourquoi un cadre légal fort est crucial pour préserver notre avenir numérique

6 août 2023

La cybercriminalité, ce fléau contemporain, est une véritable plaie pour la jeunesse béninoise. Une affliction si prononcée que les jeunes s’essayant aux opportunités offertes par le numérique sont souvent confondus avec les cybercriminels et les arnaqueurs (https://foumi.mondoblog.org/blogueur-pas-blagueur-cliches-le-blogging-blogday/) . Certains pointent du doigt la croissance exponentielle du numérique dans notre société comme propulseur de ce mal, tandis que d’autres évoquent l’influence de notre voisin immédiat, le Nigéria. Peu importe les causes, il est impératif, à mon sens, de ne pas laisser la loi se taire face à la cybercriminalité. Affaiblir la lutte contre cette menace, particulièrement à un moment où le Bénin progresse en termes de cybersécurité (https://www.gouv.bj/article/1394/indice-global-cybersecurite-cles-comprendre-percee-benin-dans-classement-uit/), serait contre-productif. Voici pourquoi le maintien de l’ordre juridique doit rester ferme.

Pourquoi une répression si sévère de la cybercriminalité ?

Les partisans de la clémence pour les cybercriminels avancent souvent que leurs peines sont trop lourdes, s’étendant de cinq à dix ans de prison, pour une simple escroquerie en ligne. Cependant, il faut réaliser que la cybercriminalité n’est pas un crime ordinaire. Le droit béninois la considère comme un acte de terrorisme. Que vous ayez étudié le droit ou non, vous comprenez certainement que la qualification d’acte de terrorisme signifie qu’il s’agit d’un acte grave, voire très grave. Et c’est précisément ainsi que l’article 162 du code pénal qualifie la cybercriminalité. L’article 166 du même code stipule que les actes de terrorisme sont punis de réclusion criminelle à perpétuité.

Il est donc compréhensible que, sur l’échelle des délits, un délit qualifié d’acte de terrorisme soit sévèrement puni. Il est important de préciser que les condamnations ne sont pas à perpétuité, mais bien moins sévères, compte tenu de ce qu’elles pourraient être si on prend en compte la qualification d’acte de terrorisme. Par conséquent, la justice n’est pas trop sévère, mais plutôt clémente au regard de ce qui aurait pu être la peine initiale.

La posture de ceux qui défendent la cause des cybercriminels est difficile à comprendre, non seulement du point de vue juridique, mais également du simple bon sens.

Clémence pour les cybercriminels, qu’en est-il des victimes ?

Lorsqu’on plaide pour des peines plus légères pour les cybercriminels, souvent dans l’intention de protéger leurs familles qui dépendent d’eux financièrement, on oublie une question cruciale : qu’en est-il des familles victimes d’escroqueries ? Qu’en est-il de ceux qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts et se retrouvent à la rue, car ils sont victimes de la cupidité de certains jeunes obsédés par l’opulence ? N’ont-ils pas droit à une pensée pour eux ? À la réparation des torts qu’ils ont subis et à la protection de la société contre la récidive de ces criminels ?

Les réponses à ces questions sont évidentes et ne nécessitent pas beaucoup de réflexion. Ce qu’on oublie trop rapidement, c’est que nous sommes tous exposés à ce risque en tant qu’utilisateurs du web. A tout moment, nous pouvons devenir les victimes de ceux pour qui nous demandons la clémence aujourd’hui. Ce qui pousse encore beaucoup à demander l’amnistie et l’adoucissement de la traque judiciaire des cybercriminels me semble être de deux ordres. Soit il y a une méconnaissance des conséquences et des problèmes posés par la cybercriminalité. Soit il y a un profit direct ou indirect tiré de la poursuite de ces activités. On sait combien ce milieu influence et alimente la musique et les artistes. Il n’est donc pas surprenant que ces derniers soient les premiers défenseurs de ceux qui financent leurs soirées en club, en bar et en discothèque.

Mais le principal problème posé par l’absence de répression d’un phénomène de ce genre reste le risque de plus en plus grand pour l’avenir.

L’absence de répression, un laisser-passer pour un avenir à haut risque

Sur l’échelle des valeurs, il n’y a pas de pitié ou de sous-valeurs. J’ai entendu dire qu’une telle sévérité devrait exister uniquement pour certaines infractions, et pas pour les cybercriminels. Ce qui est intéressant, c’est que cette classification est déjà fixée par la loi. Quelle que soit l’infraction, je pense que la valeur à défendre ne peut être l’absence de sanction ou la minimisation de l’infraction en elle-même. La cybercriminalité bafoue plusieurs valeurs. L’honnêteté, le travail, l’empathie et bien d’autres sont remises en question par ce phénomène. Décider de punir moins sévèrement ce fléau serait un feu vert pour fouler aux pieds toutes ces valeurs, qui sont un socle solide pour notre société.

L’autre problème est qu’en étant moins sévère, on risque de créer une défiance envers l’autorité publique. De plus en plus de jeunes banaliseraient le fait de s’engager dans une activité cybercriminelle. Et de plus en plus de victimes seraient enregistrées. Et de plus en plus de dégâts seraient causés, au profit d’un groupe minuscule qui s’enrichirait sur la misère des autres. Mais puisque cela profite aux artistes et aux personnes du showbizz aujourd’hui, cela doit-il continuer ? Pour notre avenir à tous, je ne le pense pas. Mais, pour l’avenir de ces criminels, la solution ne doit pas se limiter à la répression.

La répression, une solution partielle mais essentielle

Il est vrai que la répression, bien que nécessaire, ne constitue pas une solution complète au problème de la cybercriminalité. Il s’agit principalement d’un moyen de réparer les dommages causés aux victimes. Cependant, en ce qui concerne les cybercriminels eux-mêmes, d’autres problématiques restent à adresser. Selon moi, la solution réside en grande partie dans l’éducation. Il est essentiel d’inculquer des valeurs fondamentales et de faire comprendre que la quête de gains faciles n’est bénéfique pour personne. Si ces valeurs sont solidement ancrées chez les jeunes, de moins en moins seront tentés de se livrer à de telles activités. Mais cela ne suffira pas à lui seul.

Il est nécessaire d’ajouter qu’un effort important doit être consenti pour occuper la jeunesse avec des activités à la fois saines et rémunératrices. Cela implique de trouver des mécanismes pour créer des emplois et encourager des initiatives menées par des jeunes qui sont à la fois sensées et impactantes. De plus, il est crucial de dissiper l’idée reçue selon laquelle la jeunesse et l’incompétence sont intrinsèquement liées. De nombreux talents sont malheureusement attirés par le monde de la cybercriminalité, car les mécanismes d’emploi traditionnels leur refusent des opportunités en raison de leur jeune âge.

La solution, comme nous le voyons, va donc bien au-delà de la simple répression de la cybercriminalité. Cependant, aucune solution ne sera totalement efficace sans une répression ferme et impitoyable. De cette façon, nous pourrons conserver l’espoir d’un avenir sécurisé dans le cyberespace de notre pays. C’est pourquoi, face à la cybercriminalité, la loi doit rester impérative et indéfectible.

Foumilayo ASSANVI

Laisser un commentaire