Survivantes en parole : impacts de la violence basée sur le genre sur la santé reproductive

La violence basée sur le genre est une réalité troublante qui affecte la vie de nombreuses femmes à travers le monde. Au-delà des traumatismes émotionnels et physiques, l’impact de cette violence sur la santé sexuelle et reproductive des survivantes est une question qui mérite une attention accrue. Dans cet article, nous donnons la parole à des survivantes courageuses qui ont partagé leurs expériences personnelles, permettant ainsi une prise de conscience plus profonde de cette problématique et soulignant l’importance d’un soutien adéquat et des ressources disponibles pour aider les survivantes dans leur processus de guérison.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une femme sur trois dans le monde a été victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie. Ces chiffres glaçants mettent en évidence la gravité de la situation et l’urgence d’agir.
Les conséquences de la violence basée sur le genre sur la santé reproductive sont diverses et préoccupantes. Ces violences peuvent conduire à des grossesses non désirées, des infections sexuellement transmissibles, des traumatismes gynécologiques et des troubles de la santé mentale, tels que l’anxiété et la dépression.
Les récits collectés lors de nos activités sur le terrain mettent en évidence la variété des formes de violences subies. Pour respecter la confidentialité des survivantes, nous utiliserons des numéros pour référencer leurs témoignages.
Témoignage 1 : « Suite à un post concernant ma sexualité et la masturbation féminine, j’ai été insultée, certaines personnes sont allées jusqu’à me traiter de déchet de la nature en message privé. Tout cela parce que je suis une femme. Cela m’a conduit à remettre en question ma propre sexualité. Je suis toujours en pleine réflexion. »
Témoignage 8 : « Avec mon partenaire, nous n’étions pas prêts à avoir un enfant. Lorsque je suis tombée enceinte, j’ai décidé d’y mettre fin. Il n’était pas d’accord au départ, mais j’ai réussi à le convaincre. Nous avons cependant dû affronter le jugement des professionnels de santé consultés. Au final, j’ai dû me tourner vers un vendeur ambulant du village qui m’a proposé une concoction qui a failli me coûter la vie. Depuis ce jour, j’ai décidé de ne plus avoir d’enfants. J’éprouve également de la réticence à demander une méthode contraceptive à l’hôpital. »
Témoignage 11 : « J’ai accepté la première invitation et tout s’est bien passé. La deuxième fois au détour d’un rendez-vous dans une brousse, il s’est brusquement arrêté. L’innommable est arrivé. C’était ma première fois et depuis lors je ne fais plus confiance aux hommes et je suis dégoûtée par les rapports sexuels. »
Ces témoignages reflètent la variété des violences basées sur le genre, qu’elles se produisent en ligne ou dans des contextes intimes physiques. Ils illustrent les conséquences profondes de ces violences sur la santé sexuelle et reproductive des survivantes. Les traumatismes émotionnels peuvent entraîner une perte de confiance en soi, une diminution de l’estime de soi, des troubles du sommeil, de l’anxiété et de la dépression. Sur le plan physique, les survivantes peuvent éprouver des difficultés sexuelles, des douleurs gynécologiques, des problèmes de fertilité, et un risque accru de maladies sexuellement transmissibles.

Des activistes qui s’engagent contre les violences en lignes faites aux femmes dans le cadre des 16 Jours contre les VFF
Ces violences ont indéniablement un impact majeur sur la santé reproductive des survivantes. Les traumatismes subis peuvent entraîner une aversion pour les rapports sexuels, une altération de l’intimité et une perte de la capacité à établir des relations de confiance. La jeune femme mentionnée dans le troisième témoignage est un exemple poignant de cette réalité.
Il est indispensable de reconnaître que la violence basée sur le genre a des répercussions durables sur la santé sexuelle et reproductive des survivantes. Il est tout aussi important de souligner qu’il existe des ressources et des soutiens disponibles pour aider ces femmes à se reconstruire et à retrouver leur bien-être physique et émotionnel.
Ressources et soutiens disponibles
Les survivantes doivent être encouragées à chercher de l’aide auprès d’organisations spécialisées, de centres de soutien aux victimes de violence, de professionnels de la santé, de thérapeutes ou de groupes de soutien. Ces ressources peuvent offrir un espace sécurisé pour partager leurs expériences, obtenir un soutien émotionnel, recevoir des soins médicaux adaptés et accéder à des services de planification familiale.

Il est également impératif de renforcer les mesures préventives. Les données de l’ONU en 2015 estimait que 73% des femmes dans le monde étaient exposées à de la violence sur Internet, notamment le harcèlement. En 2021, selon une étude de The Economist Intelligence Unit, ce chiffre serait passé à 85%, la pandémie de Covid-19 étant passée par là, la situation est sans doute pire aujourd’hui. Les plateformes de médias sociaux doivent prendre des mesures pour prévenir et combattre le cyberharcèlement, en renforçant la sécurité en ligne et en facilitant le signalement des abus.
« Nous devons créer des espaces en ligne sûrs, où chaque individu est respecté et protégé »
Emmanuel GANSE, expert en sécurité en ligne
Les pouvoirs publics ont également un rôle crucial à jouer en renforçant les lois et en instaurant des politiques visant à protéger les droits des femmes et à punir les agresseurs.
En partageant ces témoignages, nous cherchons à sensibiliser davantage à l’impact de la violence basée sur le genre sur la santé reproductive des femmes. Il est essentiel d’écouter les voix des survivantes et de mettre en œuvre des mesures concrètes pour prévenir ces violences, soutenir les victimes et promouvoir des sociétés égalitaires et respectueuses. En conjuguant nos efforts, nous pouvons travailler ensemble pour mettre fin à cette réalité tragique et créer un monde où chaque femme peut vivre librement et en toute sécurité.