Et si votre dernier iPhone vous volait votre avenir ?

Sur Instagram, Kévin affiche fièrement son tout nouvel iPhone 15 Pro, lunettes de marque vissées sur le nez et légende bien rodée : « New me, new level ✨ ». Pendant ce temps, Grâce, plus discrète, épargne patiemment chaque mois pour lancer sa boutique en ligne de cosmétiques naturels. Deux jeunesses, deux choix, deux visions de la réussite. Faut-il dépenser pour impressionner ou épargner pour investir ? Dans un monde où les apparences séduisent, mais ne construisent pas toujours l’avenir, cette question mérite qu’on s’y arrête.
Dépenser pour impressionner : une question d’apparence
Il faut le reconnaître : posséder le dernier smartphone, des sneakers en édition limitée ou des accessoires griffés procure une sensation grisante. Dans un monde rythmé par les likes, les stories et les feeds impeccables, montrer qu’on « a réussi » semble parfois plus important que de réussir réellement. On se retrouve alors à dépenser pour impressionner, consacrer ses ressources à des biens et services destinés à afficher un statut social.
Ces choix sont souvent influencés par la culture des réseaux sociaux, où l’image que nous projetons est constamment mise en avant. De ce fait, pour montrer une pseudo-réussite, certains jeunes claquent leurs économies dans l’achat du dernier ‘’Apple ‘’ sorti, dans les vêtements de marque (Gucci, Fendi), de gadgets dernier cri ou encore dans le dernier modèle de moto sortie par la marque ‘’Haojue’’.
Pourtant, ces dépenses ne renforcent pas nécessairement l’estime de soi, car elles reposent souvent sur des validations extérieures plutôt que sur des accomplissements personnels ou des choix authentiques.

Pourquoi faisons-nous ce choix ?
La pression sociale joue un rôle crucial dans ce choix de vie. Nous voulons être acceptés, admirés, voire enviés. Pour beaucoup, ces achats sont bien plus que des objets : ce sont des symboles d’appartenance, des preuves sociales. Le regard des autres devient une boussole. On dépense, on expose, on récolte des cœurs virtuels… et on recommence.
Aussi, la publicité et les influenceurs nous incitent à croire que posséder certains produits est synonyme de succès. Le besoin de paraître à la hauteur des attentes de notre entourage pousse souvent à des dépenses inconsidérées. Pour faire simple, on veut montrer une image selon laquelle on semble avoir réussi notre vie !
Les conséquences
Si ce choix peut offrir une satisfaction immédiate, il entraîne à long terme des risques financiers. L’endettement, l’incapacité à réaliser des projets durables et l’absence d’épargne pour les imprévus en sont les résultats les plus courants. Le plaisir est réel, mais souvent éphémère.
Épargner pour investir : une vision à long terme
À l’opposé, épargner ou investir n’a rien de spectaculaire. Cela ne fait pas vibrer le compteur de vues. Pas de selfie avec un compte épargne. Pas de story virale avec une facture d’hébergement web ou un stock de matières premières.
Et pourtant, c’est cette patience invisible qui porte souvent ses fruits. L’épargne, lorsqu’elle est orientée vers l’investissement, constitue une stratégie pour bâtir un avenir solide. À Cotonou, un jeune salarié témoigne : « J’ai préféré investir mes économies dans une moto-taxi plutôt que d’acheter le nouveau Tecno Phantom. Aujourd’hui, elle me rapporte 5.000 FCFA par jour. »
Investir, c’est placer son argent dans des actifs qui peuvent générer des revenus ou prendre de la valeur avec le temps. Cela inclut les actions, l’immobilier ou encore les projets entrepreneuriaux.

Les obstacles
S’il est vrai que l’épargne représente une stratégie fiable pour investir pour plus tard, ce chemin n’est pas de tout repos cela dit. Décider d’épargner convenablement et d’investir, c’est bien plus qu’une simple question de volonté. Entre les slogans publicitaires qui nous vendent le bonheur immédiat, les réalités économiques parfois fragiles et les pressions sociales, le parcours est rarement simple.
Pour beaucoup de jeunes, les revenus mensuels ne sont pas toujours garantis : petits boulots, missions temporaires, auto-entrepreneuriat… Avec un salaire variable, difficile de dégager une somme fixe pour l’épargne, surtout quand il faut déjà couvrir les dépenses essentielles.
Ouvrir un compte bancaire, investir en bourse, souscrire à une assurance vie… tout cela peut sembler lointain, compliqué, voire inaccessible pour ceux qui vivent loin des villes ou n’ont pas les bonnes informations. Parfois, ce sont aussi les frais bancaires ou la complexité des démarches qui découragent.
Toutefois, il existe aujourd’hui des solutions plus simples et plus proches de notre quotidien, même avec de petits revenus.
L’épargne mobile (MTN Mobile Money, Zepargn)
Mettre de côté chaque semaine ou chaque mois, même 1.000 ou 2.000 FCFA, directement depuis son téléphone. C’est flexible, rapide et sécurisé.
Les tontines
Ces associations traditionnelles, où chacun contribue régulièrement, et où chacun reçoit à tour de rôle une somme plus importante, restent une forme d’épargne collective très efficace. Elles fonctionnent même quand on n’a pas accès aux banques.
Les micro-investissements
Certains services permettent aujourd’hui d’investir de petites sommes dans des projets agricoles, des PME locales ou même dans des actifs financiers, sans avoir besoin d’un gros capital de départ.
Les applications de suivi budgétaire
Elles permettent de mieux visualiser ses dépenses, de repérer où part l’argent chaque mois, et d’ajuster ses habitudes progressivement.
Trouver un équilibre
Il est inutile de tomber dans l’extrême. Profiter de la vie tout en planifiant son avenir est bel et bien possible. Pour ce faire, définissez un budget clair pour chaque chose (investissement ou dépense) ; apprenez à investir en vous documentant et investissez dans des expériences.
Dépenser pour impressionner ou épargner pour investir ? Le choix que vous faites aujourd’hui déterminera la qualité de votre vie demain. En adoptant une approche équilibrée et en vous fixant des objectifs clairs, vous pouvez profiter du présent sans compromettre votre futur. Et si vous faisiez aujourd’hui le choix de votre futur ? Commencez petit, mais commencez maintenant.
Obed AYITCHEDEHOU





