Jeunesse et éducation sexuelle au Bénin : que retenir ?

12 décembre 2023

Au cœur des enjeux éducatifs au Bénin, la question brûlante de l’éducation sexuelle des jeunes persiste malgré les avancées notables. Dans l’ombre du progrès, la sexualité reste un territoire tabou. Les chiffres cinglants de l’UNFPA, issus d’une enquête en Afrique de l’Ouest, révèlent une réalité criante : neuf naissances sur dix chez les adolescentes découlent de mariages précoces. Une évidence s’impose : de nombreux parents, spécialement au Bénin, rechignent encore face à l’épineuse tâche d’aborder ce sujet délicat avec leurs progénitures devenues adultes.

Pourtant, il s’agit là d’une problématique importante et cruciale pour la jeunesse. L’éducation sexuelle, c’est un peu comme un rempart salvateur qui offre aux jeunes, la clé pour éviter des erreurs aux conséquences éventuellement dévastatrices tant pour leur bien-être physique que mental. Éclairer les esprits juvéniles sur la sexualité s’avère alors la route à suivre pour une vie sexuelle et reproductive épanouie.

Sensibiliser les jeunes Béninois pour une sexualité épanouie : une priorité pour les parents

Les jeunes aujourd’hui, plongent à corps perdu dans l’univers brûlant de la sexualité, et c’est un sujet sensible qui les électrise. Tiraillés entre la toile, les potes et les bancs de l’école, ils cherchent à démêler le vrai du faux sans l’aide éclairante de leurs parents. Dans ce grand fourre-tout souvent rempli d’informations tordues, l’absence de discussions franches à la maison les laisse à la merci de rumeurs délirantes et de ragots déformés. Tout ceci entraine bien évidemment, de nombreuses conséquences.

Ainsi, d’après le Projet SSRAJ – Santé Sexuelle et Reproductive des Adolescents et Jeunes dans l’espace CEDEAO – on remarque qu’au Bénin, plus de la moitié des nouvelles infections au VIH touchent les jeunes de 15 à 24 ans. Cette situation illustre leur manque de connaissances en matière de sexualité. Les jeunes filles sont également vulnérables aux grossesses non désirées et aux avortements clandestins, ce qui met leur vie en danger. De plus, une étude menée par le ministère de la Santé au Bénin stipule que : « Les avortements à risques demeurent toujours un problème de santé publique et représentent jusqu’à 15 % des décès maternels (données hospitalières). ».

Le Dr Viviane Oke partage également une expérience poignante d’un avortement clandestin : « Un soir de garde, les pleurs et les cris d’une mère ont mis l’hôpital dans lequel je travaillais en émoi. Sa fille de 16 ans saignait abondamment à la suite d’un avortement clandestin. Pour sauver la fille, nous avons dû lui enlever son utérus. Malheureusement, elle ne pourra jamais connaître la joie de la maternité. » Il est donc urgent de sensibiliser les jeunes sur les comportements à adopter pour une vie sexuelle épanouie.

D’autres maladies, comme l’infection par le virus du papillome humain (VPH) et les infections sexuellement transmissibles (IST), surviennent durant ou après les premiers rapports sexuels. Selon une étude de l’UNFPA, 40 % des femmes contractent ce virus (Virus du Papillome Humain) lié au cancer du col de l’utérus à l’âge de vingt ans.

Selon un rapport de Léopoldine de Souza, présidente du Soroptimist International Club au Bénin « c’est parmi les femmes n’ayant jamais eu de rapports sexuels (88 %) que figure la proportion la plus élevée de femmes qui ne connaissent aucune IST. Par contre, on note des proportions relativement moins élevées chez les femmes ayant déjà eu des rapports sexuels (60 %) ».

Le rapport annuel de l’OMS Bénin 2020 indique aussi que le pays représente une forte zone endémique pour les infections par les virus de l’hépatite B et C. Il urge donc de fournir une éducation sexuelle de qualité pour le bien et le mieux-être des jeunes béninois.

Œuvrer pour la santé sexuelle et reproductive des enfants en misant sur l’éducation

La clé d’une compréhension saine de la sexualité réside dans l’éducation des enfants dès leur plus jeune âge. Il est important que les parents n’attendent pas que les questions surgissent avant d’aborder ce sujet délicat. Au contraire, ils doivent entamer cette conversation tôt pour guider leurs enfants vers une compréhension juste, solidement ancrée dans des valeurs familiales.

Entre 6 et 8 ans, les adultes peuvent expliquer les différences physiques entre les sexes, mettant l’accent sur l’importance du respect mutuel. Adapter le discours en fonction de l’âge permet d’établir une communication ouverte et progressive. Pour dialoguer efficacement avec un adolescent, il est impératif que les parents maîtrisent le sujet. Pour cela, effectuer des recherches sur des sites fiables en santé sexuelle peut les aider à comprendre les problématiques actuelles.

Protéger les jeunes des influences extérieures néfastes est tout aussi crucial. Limiter par exemple leur exposition à des contenus inappropriés en ligne et à la télévision est essentiel. Un contrôle parental sur leurs appareils électroniques peut orienter leur navigation vers des contenus plus adaptés.

Parler d’éducation sexuelle des jeunes au Bénin revient donc à évoquer des défis majeurs. Ils sont liés à des problèmes persistants tels que les infections sexuellement transmissibles et les grossesses précoces donnant lieu à des avortements clandestins, etc. Une éducation sexuelle précoce, adaptée et encadrée, constitue la base d’une jeunesse éclairée et respectueuse.

Que vous soyez jeune, simple lecteur ou professionnel de santé, votre avis nous intéresse. Partagez avec nous en commentaires, les défis imminents que vous identifiez en matière de jeunesse et d’éducation sexuelle au Bénin.

Olivier Max ZOUMENOU

2 Comments

  1. […] y arriver, il faut auparavant s’informer. Quels sont les stéréotypes qui prévalent dans notre société béninoise ? Comment se manifestent-ils ? Quels sont leurs impacts sur les relations homme-femme ? Oriente […]

  2. […] pour l’abstinence sexuelle à notre époque, où la sexualité est constamment exposée, représente un exploit de grande envergure. En effet, les normes sociales […]

Laisser un commentaire