Quand le volant tourne à la folie : le défi des Tôkpa-Tôkpa à Cotonou

1 août 2023

Tenez-vous bien, les amis, parce que nous sommes sur le point d’embarquer dans le rodéo le plus frénétique de l’Afrique de l’Ouest ! Aux commandes, les as du volant du Tôkpa-Tôkpa, ces minibus locaux qui se fraient un chemin à toute allure sur les routes tumultueuses de Cotonou et ses environs. Leur mission : vous emmener à votre destination le plus vite possible, coûte que coûte, même si cela implique de transformer votre trajet en un épisode de « Fast and Furious« . Oui, vous avez bien entendu, « Fast and Furious ». On ne parle pas ici d’un simple freinage à l’approche d’un feu rouge ou d’un virage un peu trop serré. Non, ces chauffeurs mettent le turbo, sautent les feux et manœuvrent avec une audace qui ferait pâlir les cascadeurs de Hollywood. Et tout cela pour la modique somme de 200 à 300 FCFA, le prix de votre ticket pour cette montagne russe sur roues qu’est le Tôkpa-Tôkpa. Alors, fermez les yeux, agrippez-vous à ce que vous pouvez et préparez-vous pour le voyage le plus palpitant (et peut-être le plus effrayant) de votre vie. Vous êtes dans le grand huit du Tôkpa-Tôkpa, le frisson du Bénin !

Tôkpa-Tôkpa, entre conduite agressive et course à l’argent

Ah, les Tôkpa-Tôkpa ! Les moutons noirs du code de la route, la terreur des conducteurs de Cotonou à Porto-Novo. Laissez-nous vous en dire un peu plus sur ce phénomène. Imaginez-vous à bord d’un de ces bus, accroché à la barre, votre cœur battant à l’unisson des roues qui heurtent les pavés. Et votre chauffeur ? Ce héros des temps modernes, transformé en pilote de Formule 1, traverse la ville à une vitesse effrayante, défiant toutes les lois de la physique, et bien sûr, toutes les lois du code de la route.

Les arrêts sont brutaux, les virages sont sauvages et les stationnements sont partout et nulle part à la fois, donnant l’impression d’un jeu de chaises musicales motorisé. Les Tôkpa-Tôkpa sont maîtres dans l’art du dépassement audacieux, du freinage inattendu et du virage instantané sans clignotant, des manœuvres de haute voltige qui ferait sourire un cascadeur, mais qui glacent le sang des usagers de la route. Ces acrobaties routières sont devenues la marque de fabrique des Tôkpa-Tôkpa, un spectacle qui serait fascinant s’il n’était pas si dangereux.

Mais que cherchent ces chauffeurs en jouant aux as du volant ? Pourquoi prendre tant de risques ? Leur motivation principale est bien souvent l’argent. Dans le domaine du transport urbain ultra-compétitif, chaque client compte, chaque minute compte, chaque franc compte. Afin de remplir leurs obligations contractuelles avec les propriétaires des bus, ces chauffeurs sont souvent contraints de jouer le tout pour le tout, devenant ainsi des participants involontaires dans une course sans fin contre la montre.

Le jeu est simple : plus ils conduisent vite, plus ils prennent de passagers, et plus ils gagnent d’argent. Mais ce jeu a un coût, un coût que payent les usagers de la route et les passagers de leur bus. Et comme si cela ne suffisait pas, certains chauffeurs rajoutent une couche supplémentaire de danger en consommant des stupéfiants pour rester éveillés et continuer à rouler, transformant les routes en une dangereuse piste de danse où le moindre faux pas peut être fatal.

Alors, la prochaine fois que vous voyez un Tôkpa-Tôkpa arriver à toute vitesse, prenez une grande inspiration, priez pour la sécurité de tous et espérez que votre voyage se passe sans accroc. Car vous êtes sur le point d’entrer dans le monde sauvage des Tôkpa-Tôkpa, un monde où le respect du code de la route est facultatif et où la conduite audacieuse est la norme. Accrochez-vous, ça va secouer !

Des raisons qui tiennent debout ?

Qu’est-ce qui pousse ces chauffeurs de Tôkpa-Tôkpa à embrasser le chaos sur la route ? À la base de ce ballet routier sans règles, il y a plusieurs facteurs qui, aussi surprenants que cela puisse paraître, rendent ces actes quelque peu compréhensibles, même si inexcusables. Alors, attachons-nous à comprendre l’incompréhensible.

La première explication, aussi évidente qu’elle soit, est la pression financière. Pour chaque chauffeur de Tôkpa-Tôkpa, chaque journée est une course contre la montre, où il s’agit de récupérer le plus de passagers possible pour pouvoir payer le quota imposé par le propriétaire du véhicule. Imaginez cette course sans fin, cette pression constante, cette nécessité de faire toujours plus, toujours plus vite. Dans un secteur de transport urbain bondé, être concurrentiel exige parfois de jouer avec les limites, quitte à les franchir.

La deuxième raison, plus alarmante, est le manque de qualification appropriée de nombreux chauffeurs. Non, vous n’avez pas mal lu. Bon nombre de ces conducteurs acrobatiques, ces maestros du volant, ne détiennent pas le permis de conduire adéquat pour un minibus. C’est un peu comme laisser un enfant piloter un avion, ou un cuisinier effectuer une chirurgie à cœur ouvert. Une recette assurée pour des résultats désastreux.

Enfin, troisième coupable dans cette équation de la terreur routière, est la consommation de substances. Oui, certains conducteurs, pour rester éveillés, alertes, et continuer à faire face à la pression constante de la course à l’argent, se tournent vers les stimulants. Que ce soit l’alcool (azota, qu’ils consomment avec un sourire ironique), ou d’autres substances, ces stimulants altèrent la perception, la concentration et la maîtrise de soi, transformant les routes en un terrain de jeu mortel.

Ajoutez à cela une foule d’autres problèmes : stress familial, conflits avec les clients, et même les aléas du quotidien, qui peuvent rendre un chauffeur nerveux, distrait ou agressif. La combinaison de tous ces facteurs crée une tempête parfaite pour le non-respect du code de la route.

Est-ce que tout cela justifie leur conduite ? Certainement pas. Mais cela peut nous aider à comprendre pourquoi ils font ce qu’ils font. Et peut-être qu’en comprenant, nous pourrons trouver des solutions pour améliorer la situation. Car après tout, comprendre un problème, c’est déjà faire un grand pas vers sa résolution.

Comment survivre au safari urbain ?

Se retrouver dans la jungle urbaine du trafic de Cotonou, c’est comme se retrouver en safari, mais sans guide et avec des animaux à quatre roues qui sont plus intéressés par votre porte-monnaie que par votre bien-être. Alors, comment survivre à ce safari urbain ?

En premier lieu, la sensibilisation doit être une priorité. Bruno Ahouangan, le président de l’ONG Attention Sécurité Pour Tous, propose d’initier un programme de sensibilisation à grande échelle pour éduquer à la fois les conducteurs et le grand public sur les notions de sécurité routière. Comprendre l’importance de la signalisation, les conséquences potentiellement mortelles de la conduite sous influence ou de la négligence du code de la route, sont autant de connaissances que chacun devrait posséder.

Mais ce n’est pas suffisant. La sensibilisation doit être complétée par une application rigoureuse du droit. Les conducteurs de Tôkpa-Tôkpa qui bafouent constamment les règles de conduite doivent être sanctionnés. Ce n’est pas une question de vengeance, mais de dissuasion. Quand les conducteurs sauront qu’ils risquent des amendes lourdes, voire une suspension de leur droit de conduire, ils réfléchiront à deux fois avant de brûler un feu rouge ou de se garer de manière anarchique.

En outre, la formation doit jouer un rôle crucial dans la lutte pour des routes plus sûres. Les permis de conduire doivent être délivrés en fonction des compétences réelles et non pas distribués comme des bonbons lors d’une fête. Les chauffeurs de minibus doivent être formés de manière adéquate pour la conduite de leurs véhicules spécifiques, afin de réduire les accidents liés à l’incompétence.

Enfin, la question des stupéfiants. Il est temps d’aborder ce sujet de front et de mettre en place des contrôles réguliers pour détecter les conducteurs sous influence. L’usage de stupéfiants au volant doit être sévèrement sanctionné, non seulement pour protéger les usagers de la route, mais aussi pour protéger les conducteurs eux-mêmes.

Il est important de rappeler que, malgré tout le chaos et les problèmes, les conducteurs de Tôkpa-Tôkpa ne sont pas des monstres. Ils sont juste des êtres humains, pris dans une situation difficile, qui essaient de survivre dans un système qui ne leur facilite pas la tâche. En travaillant ensemble, en sensibilisant, en appliquant la loi, et en investissant dans une formation de qualité, nous pouvons transformer le safari urbain en un voyage sûr et agréable pour tout le monde.

La rédaction

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