Fuite des cerveaux au Bénin : le cas des jeunes médecins

12 août 2024
Jeunes médecins béninois

Le secteur médical béninois fait face à une crise des plus insolites. Chaque année, un pourcentage considérable des généralistes et spécialistes diplômés de la FSS (Faculté de la Science et de la Santé) décide d’exercer à l’étranger. Analysons ensemble les causes de l’exode de masse des jeunes médecins béninois et évaluons l’impact de ce phénomène sur la population locale.

Les principaux facteurs expliquant le départ des jeunes médecins béninois

La jeunesse est au cœur du développement d’une nation. Pourtant, le système médical béninois offre très peu d’opportunités aux jeunes diplômés de se démarquer durant leurs premières années de carrière. Ils sont contraints de travailler sous des conditions insatisfaisantes en échange de salaires ne reflétant clairement pas leurs valeurs professionnelles.

Dans de telles circonstances, il est tout naturel qu’un pourcentage non négligeable de médecins s’intéresse aux offres extérieures. De nombreux pays européens reconnaissent la qualité du système éducatif béninois. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à payer des sommes énormes pour motiver nos jeunes cerveaux à immigrer. La situation est tellement grave que Roselyne Bachelot, ancienne ministre française de la santé, affirme qu’ « Il y a plus de médecins béninois en Île-de-France qu’au Bénin. »

Médecins béninois
Jeune médecin béninois – Crédit Photo : Freepik

L’impact de cette fuite sur le secteur médical béninois

Le territoire béninois souffre d’une pénurie considérable de médecins qualifiés. Certes, nous sommes loin des stats atroces de 2016 (moins de 1600 médecins pour 11 millions d’habitants), mais la situation reste tout de même très inquiétante.

Les hôpitaux publics manquent cruellement de personnel et sont incapables de répondre efficacement aux besoins de la population. Les médecins sont alors sollicités de façon constante et enchainent les gardes à un rythme quasi malsain. Ils sont régulièrement contraints de sacrifier leur temps personnel pour leurs patients. Aussi, ils essaient de combler au mieux le creux laissé par l’exode de leurs collègues.

La fuite de cerveaux impacte également la facette théorique du secteur médical. Après tout, sans une injection continue de sang neuf, le corps médical béninois est condamné à stagner et à se reposer sur les techniques et procédures actuelles.

Médecins béninois
Un médecin et une patiente – Crédit Photo : Freepik

Les initiatives à prendre pour retenir ces talents

Tous les jeunes médecins ne rêvent pas de vivre le grand rêve occidental. Au contraire, la majorité d’entre eux souhaitent simplement jouir des privilèges inhérents à leur profession. Il suffit donc de revoir certaines facettes du système actuel. Ainsi, nos très chers cerveaux seront motivés à nous faire profiter de leurs compétences.

En premier lieu, nous devons offrir de meilleures conditions de travail aux médecins. Par exemple, à défaut de leur proposer des salaires exorbitants comme en Île-de-France (entre 60.000 et 110.000 euros par an), nous pouvons mettre en place des accommodations à la fois propres, pratiques et confortables à leur disposition.

Ensuite, il est essentiel d’investir davantage sur le plateau technique médical. Cela permettra aux médecins spécialistes de pleinement exploiter leurs compétences. Ce sera aussi un moyen de réduction du nombre de fuites dues aux limites technologiques locales.

Enfin, l’État doit impérativement accroître le nombre et la valeur des bourses attribuées aux étudiants en médecine. C’est une façon simple et efficace de motiver la jeunesse à s’intéresser davantage à ce secteur d’activité. C’est aussi une solution pour augmenter le nombre annuel d’inscrits à long terme.

Olivier Max ZOUMENOU

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