La maternité sur les bancs : on en parle ?

L’adolescence est une phase plutôt délicate dans la vie d’une femme. Le corps change, les hormones se déchainent et les rapports sociaux entre camarades de classe se complexifient. Bon nombre de jeunes élèves et étudiantes ont du mal à gérer convenablement cette transition.
Elles cèdent à la pression, à leurs pulsions ou à divers autres facteurs et finissent par devenir mères beaucoup trop tôt. Essayons d’en apprendre un peu plus sur le phénomène de grossesses scolaires, son impact sur le système éducatif et les difficultés auxquelles les jeunes mamans sont confrontées. La maternité sur les bancs : on en parle ici.
Grossesses en milieu scolaire : la facette sombre du système éducatif béninois
Les grossesses précoces ont toujours été un problème dans les écoles et collèges béninois. D’après une étude menée en 2012-2013, plus de 4600 cas de grossesses ont été enregistrées en milieu scolaire en moins d’un an. De même, selon l’enquête exploratoire effectuée par l’observatoire de la Famille, de la Femme et de l’Enfant (décembre 2019), environ 20 % des jeunes femmes (20 à 24 ans) des Collines et du Couffo sont devenues mères avant 18 ans.
Ces stats reflètent clairement la gravité de la situation et nous amènent à poser une simple et bonne question : Quelles sont les principales causes derrière ce phénomène ?

L’ignorance et la naïveté des jeunes adolescentes
Tout d’abord, admettons que l’ignorance des adolescentes est sans aucun doute la première cause de maternité sur les bancs. Entre les hormones qui influencent le jugement des jeunes et l’incapacité de la majorité des foyers à aborder la thématique de la sexualité sans la diaboliser, difficile de bénéficier d’une éducation sexuelle de qualité au Bénin. Nos petits frères et sœurs se retrouvent alors livrés à eux-mêmes, bien souvent incapables de mesurer la portée de leurs actions à long terme.
Les lacunes et les travers du système scolaire actuel
L’administration joue également un rôle non négligeable dans la multiplication des cas de grossesses en milieu scolaire. Très peu d’écoles proposent des cours d’éducation sexuelle ou un espace propice à la découverte des facettes les plus délicates de l’intimité féminine.
Pire, certains professeurs peu scrupuleux profitent de leurs positions et de l’ignorance de leurs élèves pour entretenir des rapports inappropriés avec ces dernières. Nos petites sœurs se retrouvent alors seules, vulnérables et trop effrayées pour se confier et demander conseil à leurs ainés.

L’impact de la maternité sur les bancs, sur la vie des jeunes étudiantes
En général, les jeunes filles ont du mal à trouver l’équilibre entre leurs vies personnelles et scolaires. Autant dire qu’ajouter un bébé à l’équation est loin de leur faciliter la tâche.
Primo, une grossesse est quasiment toujours synonyme d’une année scolaire perdue. Après tout, difficile de se concentrer sur ses cours alors qu’un être vivant est littéralement en train de se développer en son sein. En outre, les divers symptômes (nausées, fringales, contractions, etc.) contraignent nos jeunes sœurs à se focaliser à 100 % sur leurs bébés.
Secundo, la naissance d’un bébé est une source de dépenses considérables au sein d’un foyer. Ainsi, en fonction du statut social de la mère et de ses circonstances familiales, elle se retrouve plus souvent que non à devoir reléguer ses études au second plan et trouver une source de revenus viable afin de prendre convenablement soin de son nourrisson.
Les programmes et dispositifs disponibles pour aider les élèves enceintes ou mères
Les grossesses scolaires sont principalement le fruit de l’ignorance des jeunots et de la pudeur mal placée des ainés. Par conséquent, la communication est la clé pour lutter efficacement contre ce phénomène.
Les parents doivent aborder le sujet de la sexualité dès les premiers signes de puberté (développement de la poitrine, poussée des poils, premières menstrues…). Cela crée un climat de confiance au sein du foyer et motivera les jeunes filles à s’exprimer davantage aux étapes charnières de leur croissance.
Aussi, l’État doit mettre en place un maximum de programmes d’éducation et de sensibilisation au sein des écoles et collèges.
Cette stratégie a déjà fait ses preuves avec le projet SWEDD Bénin, une série de démarches et d’initiatives ayant favorisé l’accroissement du nombre de filles scolarisées et la réduction du pourcentage de grossesses sur le territoire.
Olivier Max ZOUMENOU